Pourquoi pratiquer la méditation ? La question se pose. En effet, pourquoi dégager du temps pour arrêter toute activité, s’assoir, et ne rien faire, du moins en apparence ? Plongeons dans les bienfaits insoupçonnés de cette pratique ancestrale.
Le piège du pilote automatique
Pour gérer nos vies quotidiennes, notre travail, nos relations, nous vivons principalement en pilotage automatique. Nous nous branchons sur un mode mental de résolution pour organiser, planifier, évaluer, gérer… toujours avec un but à atteindre. Ce mode que nous appelons « mode faire » est vital car il nous permet de gérer nos vies au mieux. En même temps, notre esprit, sans cesse accaparé par ses projets, ses résolutions de problèmes et ruminations diverses finit par se couper de la réalité de l’instant présent. Nous pouvons alors manger sans gouter, voir sans vraiment voir, entendre sans vraiment entendre, toucher sans vraiment sentir, parler sans vraiment savoir ce que nous sommes en train de dire. En bref, d’être là sans être vraiment présent à ce que nous vivons. J’ai longtemps éprouvé ce sentiment de passer, d’une certaine manière, à coté de ma vie.
Le « mode être »
La méditation nous amène à cultiver un autre mode, que nous appelons « mode être ». Dans ce mode, les choses sont directement expérimentées par nos sens. Nous cultivons une nouvelle manière d’être, qui nous connecte pleinement au monde, et nous reconnecte pleinement avec nous-même.
Cela nous permet :
- De vivre ici et maintenant en débranchant le pilote automatique, ce qui nous amène à une meilleure conscience de notre paysage intérieur (sensations, émotions, pensées), et à une conscience augmentée de se sentir vivant.
- De ne pas saisir et alimenter les perpétuels commentaires de la pensée.
- De voir nos pensées comme des évènements mentaux qui ne sont pas forcément la réalité.
- D’identifier nos propres mécanismes de pensées et de s’affranchir de leurs automatismes.
En bref, on pourrait dire que le « mode être » favorise l’acceptation inconditionnelle de l’expérience du moment présent en se détachant d’un fonctionnement habituel basé sur la réaction automatique qui nous conduit trop souvent à la souffrance.
Apaiser l’esprit et cultiver le discernement
Pour le dire autrement, il s’agit de cultiver notre intériorité pour une nouvelle façon d’être. Car si nous laissons notre intériorité en friche, au profit exclusif d’actions et de distractions tournées vers l’extérieur, alors, nous deviendrons esclaves de ce monde extérieur, et manipulable par lui, par une société d’hyperconsommation, plus soucieuse de nous asservir que de nous libérer, plus soucieuse d’éteindre notre discernement plutôt que le nourrir et l’éclairer.
Parce que nous pouvons aussi être manipulés par nous-même, nos erreurs de jugement, par notre manque de recul ou d’attention, par nos émotions mal comprises ou mal régulées. Or, la méditation a pour vocation de nous ouvrir les yeux sur toutes ces servitudes et influences, qu’elles viennent de l’intérieur, ou de l’extérieur.
Parce que la science et la tradition nous montrent les effets bénéfiques de la méditation sur le corps et l’esprit. Elle amène, entre autre, l’apaisement et le discernement. Car parasités par l’émotion, la précipitation, l’accélération du monde dans lequel nous vivons, nous baignons dans la confusion. Nous ne prenons pas assez le temps de réfléchir dans le calme.
Pour toutes ces raisons, « une demi-heure de méditation est essentielle chaque jour, sauf quand on a une vie très occupée. Dans ce cas, une heure est nécessaire », selon Saint François de Sales
Grégory Schwing
Instructeur de Thérapie Cognitive basée sur la Pleine Conscience (MBCT) à Abli