La Thérapie Cognitive basée sur la Pleine Conscience (MBCT)
La Thérapie Cognitive basée sur la Pleine Conscience, ou MBCT (Mindfulness-Based Cognitive Therapy), est un protocole thérapeutique élaboré dans les années 1990 par les docteurs en psychologie Zindel V. Segal, J. Mark G. Williams et John D. Teasdale. C’est une thérapie brève qui s’inscrit dans la troisième vague des thérapies comportementales et cognitives. Cette approche combine les techniques de la thérapie cognitive avec la méditation de pleine conscience, dans le but spécifique de prévenir les rechutes dépressives et de réduire les symptômes liés à l’anxiété. Instructeur en MBCT à Albi dans le Tarn, je vous éclaire sur cette méthode innovante que j'applique.
Comment fonctionne la MBCT ?
Les recherches menées de concert par Segal, Williams et Teasdale ont permis de mettre en lumière les mécanismes importants impliqués dans la rechute de la dépression. A savoir que des pensées négatives entrainent des changements d’humeurs qui conduisent à une réactivité émotionnelle.
Et bien que la thérapie cognitive mette l’accent sur le changement du contenu des pensées, ils observèrent qu’il était également possible qu’elle menât implicitement à des changements dans la relation des patients à leurs pensées négatives et à leurs ressentis. Ils décidèrent alors de développer leurs travaux sur la capacité de la personne à se distancier de leurs pensées. Il ne s’agissait dès lors plus de changer le contenu des pensées mais seulement de modifier leur relation à ce contenu.
C’est à ce moment de leurs recherches qu’ils se sont rapprochés de Jon Kabat-Zinn (Professeur émérite de médecine, Docteur en biologie moléculaire) et du protocole MBSR (réduction du stress basée sur la pleine conscience) dans lequel l’accent était mis sur la décentration.
Il est apparu alors que la pleine conscience pouvait offrir bon nombre de possibilités pour l’approche de la prévention des rechutes, en donnant des méthodes pour l’enseignement à la décentration, l’entrainement des personnes à reconnaitre leur changement d’humeur et le recours à des techniques pour lâcher prise de leurs ruminations.
L’attention portée au moment présent et l’acceptation de l’expérience sans la juger sont des antidotes contre la détresse psychologique, les ruminations anxieuses, la colère générée par les attentes déçues, les pensées exacerbées par les tendances inadaptées à éviter, supprimer ou entretenir les pensées pénibles et les humeurs dysphoriques (Hayes et Feldman, 2004; Kabat-Zin, 1990). Les stratégies d’évitement expérientiel qui sont fréquemment utilisées président la détresse psychologique. En effet, selon Wenzlaff et Wegner (2000), la suppression de la pensée négative diminue la détresse dans l’immédiat mais conduit à long terme à l’augmentation des images ou des pensées intrusives et à un sentiment d’échec parce que ce phénomène est incontrôlable, ce qui amène l’individu à intensifier ses tentatives impuissantes de contrôle. En bref, il s’agit de proposer à la personne de nouvelles façons de diriger son attention et d’entrer en relation avec l’expérience, dans le but de diminuer la réactivité cognitive qui contribue au maintien des symptômes, en la conduisant à mobiliser ses capacités autorégulatrices, et à se responsabiliser face à la gestion de son propre capital santé.
Un protocole de soins innovant
Ces travaux basés sur la pleine conscience représentent une rupture majeure dans l’approche des soins psychiques. En effet, le symptôme n’est plus une cible à supprimer mais il doit être accepté. Et le thérapeute ne se place plus dans une relation de soin vertical mais dans une collaboration avec le patient. Ces travaux s’inscrivent dans le courant de la psychologie humaniste qui propose une approche holistique de la personne, centrée sur la créativité, la prise de conscience et l’acceptation, afin d’obtenir une transformation personnelle au-delà du traitement ciblé des symptômes.
Des recherches approfondies ont démontré l'efficacité de cette méthode, qui s'avère également bénéfique pour la gestion des troubles anxieux, et la prévention du burn out.
Cette thérapie s’inscrit dans le courant de la médecine intégrative, où la personne devient actrice à part entière de sa guérison.
